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Isabelle Rhéaume : une femme énergique et courageuse

Isabelle Rhéaume.

Isabelle Rhéaume n’oubliera pas l’année 2019. Un lien très fort s’est créé cette année-là avec les membres de l’équipe du Service d’hématologie-oncologie de l’Hôpital du Sacré-Cœur-de-Montréal. Tellement qu’elle a décidé de participer pour une première fois à l’activité-bénéfice Vélo-Onco et de mettre sur pied une collecte de dons en 2021 et, de son propre aveu, ce n’est certainement pas la dernière. Voici les raisons qui l’ont motivée.

C’est à la suite d’une mammographie de routine qu’Isabelle Rhéaume, qui ne ressentait aucun symptôme jusque-là, a reçu un diagnostic de cancer au mois de juin 2019. Son médecin l’a tout de suite dirigée vers la clinique du sein de l’Hôpital du Sacré-Cœur-de-Montréal en lui mentionnant que l’on y retrouvait une bonne équipe et des médecins d’expérience. Mme Rhéaume a été prise en charge par le Service d’hématologie-oncologie.

Dans l’attente d’une chirurgie prévue pour le 5 août, Mme Rhéaume a obtenu une bien mauvaise nouvelle : sa sœur qui vivait au Pérou depuis quelques années est décédée le 28 juillet 2019 de façon inattendue. « Ç’a été tout un évènement à une semaine de ma chirurgie. Il fallait que j’annonce ça à ma mère qui était un peu fragilisée par le fait que moi je débutais mon traitement contre le cancer », a-t-elle confié. Elle a donc profité du temps qu’elle avait avant son opération pour préparer les funérailles et l’accueil des membres de sa famille.

Après sa chirurgie qui s’est bien passée, Mme Rhéaume, n’avait qu’une idée en tête : se préparer pour son voyage de vélo en Croatie planifié pour la fin de septembre, bien avant tous ces évènements. « Je suis une cycliste et je fais du vélo depuis plusieurs années. Pour moi, faire un 80 km de vélo, ce n’est pas un exploit en soi. C’est quelque chose qui fait partie de ma vie depuis à peu près une dizaine d’années. Depuis 7 ans je fais des voyages de vélo ».

Un voyage devenu source de motivation

La chirurgienne qui l’a opéré n’était pas tellement chaude à l’idée qu’elle doive retarder de deux semaines le début de la chimiothérapie pour faire son voyage, alors que la priorité devait être son combat contre le cancer. Pour Mme Rhéaume, faire ce voyage représentait, au contraire, une grande source de motivation pour entreprendre les traitements qui allaient suivre avec optimisme, elle y tenait mordicus. C’est après en avoir parlé avec son infirmière pivot, Mme Solange Roussel, qui fait elle aussi du vélo, qu’elle a pris la décision de partir.  « J’étais dans la salle de réveil et je levais le bras. Je me disais que mon but c’est que dans six semaines mon bras soit totalement mobile. Parce que lors d’un voyage en vélo, on fait entre 80 et 100 kilomètres par jour. Je ne voulais pas l’hypothéquer ce voyage-là. Je me suis rapidement remise sur pied ».

Malgré une autre tuile, celle d’une rupture avec son conjoint de l’époque, Mme Rhéaume a réussi à prendre suffisamment de forces pour faire ce voyage. Elle a fait par la suite quatre mois de chimiothérapie. « J’étais très prête. Je pense que je suis assez résiliente. Quand on m’a dit tu as un cancer, j’ai dit parfait. C’est quoi les prochaines étapes ? C’était un élément qui était hors de mon contrôle. Il n’y a rien que je pouvais faire ou que j’aurais pu faire ».

Cette dernière, très active de nature, en a profité de l’automne 2019 pour faire quelques activités entre deux traitements comme le casse-tête, la peinture à numéro, du rattrapage de séries télévisées et bien sûr un peu d’exercice. Ses enfants l’ont bien aidé à passer cette période plus difficile. Mme Rhéaume a même été en mesure d’organiser une semaine de ski alpin avec des amis, à la mi-février, avant de commencer sa radiothérapie à la fin du mois.

Pour Isabelle Rhéaume, les effets de la radiothérapie ne sont pas présents tout de suite, mais la fatigue était encore très présente après plusieurs semaines. C’était devenu difficile de faire l’épicerie et certaines tâches quotidiennes. Il aura fallu deux mois et demi pour qu’elle retrouve un peu d’énergie. Au printemps 2020, cette dernière a recommencé à faire du vélo petit à petit. « Pendant que je vivais tout ça, la COVID est arrivée. Cela a mis tout le monde à l’envers, moi ça n’a pas changé ma vie, j’étais déjà habituée à commander mon épicerie, à faire livrer mes médicaments. J’étais déjà isolée chez nous ».

Une première participation, mais pas la dernière

Mme Rhéaume a retrouvé 100 % de sa forme physique un an plus tard, à temps pour participer à Vélo-Onco, une activité-bénéfice dont Solange Roussel lui avait parlé. Cette année, chaque personne réalisait son propre défi. Le sien : parcourir 1 000 kilomètres sur une période d’un mois. En plus, elle a décidé de tenir sa propre collecte de fonds, qui lui a permis d’amasser 2 550 $. Elle avait promis de se faire raser les cheveux pour la cause, si elle réussissait à récolter plus de 2500 $. Elle a réussi son pari lors de la dernière fin de semaine de Vélo-Onco. Aussi, lors de ces deux jours, Isabelle Rhéaume a effectué un trajet de 186 km (qui lui restait à faire) en compagnie de son fils Antoine et de sa fille Camille. Elle tenait à terminer cette épreuve en famille.

Pour elle, ce n’était pas tellement la distance à faire sur une période d’un mois que durait le défi qui était un enjeu. La cycliste le dit elle-même, c’est de trouver le temps, entre le travail et ses occupations, pour réaliser ce nombre de kilomètres qui était plus difficile. « Il fallait que ce soit un véritable défi. J’en ai fait des évènements-bénéfice de vélo, mais s’il y en a un qui me tient à cœur c’est bien Vélo-Onco. C’est au Service d’hématologie-oncologie que j’ai été traité et j’y suis encore suivi pour 5 ans. Je me suis dit, je ne peux pas être une meilleure ambassadrice pour une cause quand tu as toi-même été patiente. J’ai tellement eu de bons soins, je me suis sentie épaulée. C’est l’évènement pour lequel j’ai récolté le plus de dons, sans faire appel à des dons d’entreprises. Il y a des gens avec qui j’ai travaillé il y a 15 ans qui ont vu ça sur Facebook et qui ont fait un don.

« J’ai bien hâte de vivre l’évènement en présentiel », a déclaré Mme Rhéaume qui se promet d’y participer de nouveau. « Si l’argent récolté peut permettre un peu de réconfort aux personnes atteintes du cancer durant leurs traitements, j’en serai bien heureuse », a conclu Mme Rhéaume à la suite de son parcours de 1 019 kilomètres.

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