Le mois de sensibilisation aux commotions cérébrales est l’occasion de mettre en lumière la recherche qui est particulièrement active dans ce domaine à l’Hôpital du Sacré-Cœur. M. Louis de Beaumont, chercheur régulier à l’Hôpital du Sacré-Cœur-de-Montréal, Directeur de l’axe de recherche en traumatologie et soins aigus du CIUSSS du Nord-de-l’Île-de-Montréal et Directeur de la recherche et de l’innovation du CIUSSS-NÎM, mène ses travaux à Sacré-Cœur depuis plus de 20 ans. Il a généreusement accepté de nous parler de la compréhension actuelle des commotions cérébrales et de ses recherches sur le sujet.
Qu’est-ce qu’une commotion cérébrale ?
Une commotion cérébrale survient quand le cerveau se cogne contre les os de la boîte crânienne à la suite d’un coup à la tête ou au haut du corps. Ce mouvement cause un certain dommage au tissu du cerveau, occasionnant ainsi des symptômes comme des maux de tête, des nausées, des problèmes d’équilibre, une sensibilité à la lumière ou au bruit.
Selon M. de Beaumont, l’approche privilégiée par les experts à la suite d’une commotion a beaucoup changé dans les dernières années. Aujourd’hui, la recommandation principale est d’éviter les écrans (téléphones cellulaires, ordinateurs, iPad, télévisions) et de prendre du repos pendant au moins 24 heures. Après cette période, la personne peut aller marcher, faire de l’exercice de faible intensité et essayer de travailler ou d’aller à l’école pendant 2 heures. S’il n’y a pas d’aggravation des symptômes, on réintroduit progressivement toutes ses activités jusqu’à être capable de revenir à un mode de vie normal. Le chercheur conseille de rester à l’écoute des symptômes. Si ces derniers augmentent, on diminue le temps passé à l’école ou au travail et on retourne se reposer !
Progression des traitements
M. de Beaumont s’intéresse aux commotions cérébrales, surtout en milieu sportif et en milieu de soins intensifs. Son laboratoire a contribué à faire progresser les traitements ainsi que notre compréhension de ces blessures traumatiques et de leurs conséquences sur le cerveau.
Avec son équipe, il travaille notamment auprès d’athlètes. Les sportifs présentent un grand intérêt pour les chercheurs : leur excellente santé facilite l’association des maux de tête à un coup reçu. Leur état physique exceptionnel offre également de meilleures conditions pour encadrer les essais médicamenteux et vérifier si le traitement produit réellement l’effet attendu.
Dans la majorité des cas, les symptômes disparaissent en moins de 3 semaines, mais certains éprouvent des difficultés à retrouver une vie normale dans ce laps de temps. En contexte sportif, les chercheurs collectent des données, dans le but de savoir s’il est possible de prédire quels patients ayant subi une commotion vont nécessiter des soins plus importants et sur une plus longue période.
Les athlètes sont équipés de divers capteurs pour mesurer notamment leur rythme cardiaque et la force des coups qu’ils reçoivent. Ils font aussi des prises de sang à des moments opportuns. Ces informations recueillies par les chercheurs pourront se révéler utiles pour identifier des facteurs qui, lorsqu’ils sont réunis, les aideront à prédire si les symptômes de la commotion cérébrale vont devenir chroniques chez un patient.
Aux soins intensifs, M. de Beaumont étudie les adultes dans le coma qui ont subi un traumatisme crânien modéré ou sévère. Avec son équipe, il essaie de stimuler leur cerveau abîmé par un impact en réactivant la communication entre les neurones, dans le but de ramener les patients à la conscience rapidement.
Une reconnaissance internationale
Le laboratoire de recherche de M. de Beaumont est reconnu à l’international pour son rôle de précurseur et pour ses percées importantes.
Grâce à une imagerie par résonance magnétique de grande qualité et à des outils de neuro-imagerie de pointe, ils ont pu déterminer les impacts d’une commotion cérébrale jusqu’à 30 ans après l’avoir subie. L’équipe de recherche à Sacré-Cœur a publié des articles sur ces conséquences à long terme d’une telle blessure. Ces contributions sont considérées comme importantes au sein de la communauté scientifique, même au niveau mondial. M. de Beaumont est fier de dire que ces découvertes ont redéfini la manière dont les commotions cérébrales sont prises en charge dans le milieu sportif.
Les chercheurs ont aussi mis au point un médicament capable de prévenir l’apparition de symptômes après une commotion cérébrale. Comment ça fonctionne ? Le mouvement à l’intérieur de la boîte crânienne lors d’une commotion crée une cascade neurochimique dans le cerveau. Ce médicament, administré tout de suite après l’impact, bloque ce débalancement, permettant ainsi d’éviter les symptômes et les conséquences invalidantes à long terme de ce type de blessure. Ce médicament anti-commotion très prometteur est encore en phase de développement.
La recherche que Louis de Beaumont mène avec son équipe contribue à améliorer la qualité de vie des personnes qui ont eu une commotion cérébrale et les soins qui leur sont offerts. C’est un but qui lui tient énormément à cœur et qu’il poursuit avec beaucoup d’énergie. Il souligne que c’est en innovant et en approfondissant les connaissances dans le domaine, comme il le fait au quotidien, qu’on peut améliorer les manières de faire et changer des vies partout dans le monde.