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Antonietta Spedaliere : survivre à un délit de fuite

Montréal, le 23 août 2017, vers 18 h 30. Alors qu’Antonietta Spedaliere se dirige tout bonnement vers sa voiture à sa sortie du bureau, une camionnette la frappe de plein fouet et prend la fuite. Horrifiée par la scène, une collègue se précipite au secours d’Antonietta, qui gît inconsciente sur la chaussée.

Transportée d’urgence au Centre intégré de traumatologie de Sacré-Cœur, Antonietta est prise en charge par le Dr Jean-François Giguère, un neurochirugien chevronné. Face au traumatisme crânien, aux lésions cérébrales et à l’arrêt cardiaque que sa patiente a subis, le spécialiste procède à une intervention longue et complexe. Mais la gravité de son état est telle qu’elle doit être plongée dans un coma artificiel. Cette sédation profonde a plusieurs buts : éviter à Antonietta de souffrir de ses nombreuses blessures, et de limiter les risques de pression intracrânienne à la suite de son traumatisme à la tête tout en permettant à ses fonctions vitales de se régénérer.

Toutefois, rien n’est gagné quant à ses chances de survie, d’autant qu’elle a souffert d’un AVC pendant son coma. Le Dr Giguère demeure donc prudent, allant même jusqu’à prévenir le mari d’Antonietta que malgré tous ses efforts pour sauver son épouse, ses chances de survie restent minces. Mais pas question de baisser les bras. Pendant trois mois, le personnel de l’unité des soins intensifs de Sacré-Cœur lui prodigue les soins nécessaires, jusqu’à ce qu’elle soit transférée à l’Institut de réadaptation Gingras-Lidsay-de-Montréal, où elle reprend conscience pour de bon. « L’accident s’est produit en août et je me suis réveillée en décembre. J’étais en état de choc, désorientée. C’est comme si j’émergeais d’un long rêve. Je n’avais aucun souvenir. Qu’est-ce qui m’était arrivé pour que je me retrouve dans un lit d’hôpital ? », relate avec émotion la quinquagénaire qui menait une vie active et épanouie avant le délit de fuite qui a fait basculer sa vie entière.

 Comme les séquelles de l’accident sont majeures, elle se concentre sur sa réadaptation, afin de traiter ses problèmes de motricité, d’équilibre, de communication, de mémoire et d’apprendre à mieux vivre avec ces derniers. Certes, son état s’est amélioré, mais cinq ans après, elle souffre encore des séquelles handicapantes de son accident, dont une hémiplégie du côté droit. Si bien qu’à presque 60 ans, elle doit faire le deuil de sa vie d’avant. « J’ai perdu de la force et de l’endurance. J’ai du mal à attraper des objets. J’ai aussi des trous de mémoire, je cherche parfois mes mots, moi qui parlais couramment le français, l’anglais et l’italien. J’ai dû abandonner mon travail que j’adorais. Les choses les plus simples, comme monter un escalier, nager, m’entraîner au gym, faire mes pâtes ou jardiner, tout ça est devenu impossible pour moi. Aujourd’hui, poursuit-elle dans un même souffle, je dois apprendre à vivre autrement. »

 Néanmoins, chaque jour, elle bénit le moindre progrès qu’elle réussit à faire. « J’essaie de rester positive. Aujourd’hui, j’ai pu faire des muffins aux bleuets. Je compte mes petites victoires, et les bons moments que je passe avec mon mari Angelo, toujours à mes côtés. » Cela dit, Antonietta ne cache pas ses appréhensions face à l’avenir. « J’espère être en santé le plus longtemps possible, et retrouver toujours plus d’autonomie. Ne serait-ce que pour donner du répit à mon mari, qui a laissé son travail pour prendre soin de moi, à chaque instant. J’aimerais aussi pouvoir voyager à nouveau.

 Si elle accepte de parler de son expérience, c’est pour faire connaître au plus grand nombre possible les soins providentiels qu’elle a reçus tout particulièrement à Sacré-Cœur. L’immense gratitude du couple s’est traduite par un don important à la Fondation. « Si notre don peut aider à acquérir de l’équipement médical, ou s’il peut permettre de donner plus de soins à des malades, c’est tout ce qui compte pour Angelo et moi. Ce don a un sens profond pour nous deux. C’est un geste du cœur… », ajoute-elle avec chaleur. Il est aussi la preuve qu’avec un amour inconditionnel et des soins de pointe administrés avec humanité, on peut tout surmonter.

 

 

           

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