Pour vaincre le myélome multiple
À peine quelques années après avoir pris sa retraite comme infirmière, Réjeanne St-Pierre est en proie à des maux de dos terriblement incapacitants. Malgré plusieurs consultations médicales, en 2015, où on lui prescrit des anti-inflammatoires et du repos, ses douleurs s’intensifient et s’accompagnent d’une grande faiblesse, qui la cloue au lit. Un an plus tard, elle se présente à l’urgence de l’Hôpital du Sacré-Coeur-de-Montréal, plus souffrante que jamais. Elle est admise au centre hospitalier, le temps de passer quelques tests, dont une résonance magnétique. Après quoi, le diagnostic, posé par le Dr Bernard Lespérance, un hémato-oncologue d’expérience, est sans équivoque. « Mon épouse était atteinte du myélome multiple », raconte avec émotion M. Jean-Pierre Laforge.
Il s’agit d’un cancer du sang rare et de cause inconnue qui se caractérise par le dérèglement et la prolifération excessive de plasmocytes, un type de globules blancs fabriqués dans la moelle osseuse. Destinés à combattre les infections, ils sont une composante essentielle du système immunitaire. La nouvelle prend une tournure encore plus sombre lorsque le couple apprend que le cancer est incurable. « Le choc fut dévastateur », se rappelle M. Laforge. Mais le spécialiste s’empresse de redonner une lueur d’espoir aux époux : bien que la maladie soit avancée, elle peut être traitée.
« Dès lors, la prise en charge de ma femme et le protocole de traitement ont été rapidement mis en place », relate M. Laforge. Mais le plus troublant dans cette maladie chronique, c’est que le myélome entraîne des rémissions des symptômes, suivies de récidives. Certes, les traitements agissent assez bien au début, et le cancer semble contrôlé, mais leurs effets sont de courte durée. « Ma femme pouvait se sentir mieux pendant deux ou trois mois avant de rechuter. À chaque phase de traitement, le Dr Lespérance a tout fait pour élaborer un protocole efficace tout en minimisant ses effets débilitants, telles une fatigue extrême, des crises de zona, de grandes difficultés à respirer ou d’atroces douleurs partout dans le corps. » Mais c’était parfois impossible.
Malgré tout, M. Laforge se dit reconnaissant pour « la bienveillance et la patience dont a fait preuve l’équipe de soins, même dans les moments les plus éprouvants, lorsque les sens de mon épouse se détérioraient... Par exemple, dit-il, lorsque Réjeanne a perdu l’ouïe, le goût et une partie de la vue (qui a été stabilisée par la suite grâce à une opération), le personnel prenait le temps de tout lui expliquer, quitte à lui écrire des mots sur des bouts de papier pour s’assurer d’être bien compris. »
Alors qu’elle se prépare à recevoir son cinquième traitement, l’état de Mme St-Pierre se dégrade, et l’oblige à recevoir des soins palliatifs à la maison. Puis une mauvaise chute entraîne son admission à l’unité de soins palliatifs de Sacré-Cœur. « Elle s’est éteinte le 2 décembre 2022, après six jours passés à l'hôpital. Sa souffrance a duré plus de six ans… », confie M. Laforge, avec un sanglot dans la voix. « Le Dr Lespérance et son équipe ont déployé des efforts surhumains tout au long de la maladie de mon épouse. Et même si, avouons-le, elle n’a pas été guérie, leurs soins nous ont permis de vivre quelques années de plus ensemble, Réjeanne et moi. »
Laforge a consenti plusieurs dons à la Fondation afin que « la recherche sur le myélome multiple fasse des progrès et que d’autres patients puissent un jour sortir de cette situation sans issue. « Lorsqu’on la compare aux formes de cancers plus répandus, cette maladie reste un parent pauvre de la recherche. Ce n’est pas parce qu’un cancer touche seulement quelques milliers de personnes par année au pays qu’il faut lui laisser la voie libre. J’espère de tout cœur que la mémoire de mon épouse sera honorée par de futures avancées en recherche. Je forme le vœu également qu’on finisse par déployer davantage de ressources et ainsi trouver des traitements curatifs au myélome multiple. »
Fait intéressant, M. Laforge a versé ses dons les plus importants à la Fondation sous la forme d’un transfert de blocs d’actions canadiennes. « Puisque ces dernières avaient pris de la valeur dans mon portefeuille et que l’impôt sur les gains en capital s’annonçait, j’ai opté pour cette forme de don planifié, assez peu connue, mais très avantageuse. Car en nous permettant de hausser la valeur anticipée de notre don, nous pouvons contribuer plus généreusement à la Fondation.
Chaque jour, le personnel soignant de Sacré-Cœur reste positif et encourageant, même dans les moments les plus graves. Il n’abandonne jamais. C’est pourquoi il peut compter sur mon soutien. »