Témoignages en détails

Francine Lebel: honorer la mémoire d'un proche

«Comme c’est beau!», lance Raymond Charbonneau à sa conjointe, Francine Lebel, devant le tableau d’honneur des donateurs de l’Hôpital du Sacré-Cœur, où il récupère doucement d’une chirurgie cérébrale. Quelques mois plus tôt, à l’été de 2017, l’ancien professeur de géographie au secondaire se blessait à la tête, suite à une mauvaise chute.

Des céphalées persistant pendant plusieurs semaines l’amènent à consulter son médecin de famille, qui lui fait passer des examens. Dès le lendemain, l’omnipraticien exhorte son patient à se présenter à l’urgence de Sacré-Cœur. Dans les heures suivant son arrivée, il subit une intervention chirurgicale pour juguler l’hématome intracrânien qui a gagné en importance. L’intervention est une réussite, mais M. Charbonneau exige des soins constants, car atteint de la maladie d’Alzheimer, de la maladie de Parkinson et d’hépatite chronique, il souffre également de troubles rénaux et cardiaques sévères. « Pendant sa convalescence, je tenais à être toujours à ses côtés. Le soir, je ne voulais le quitter que lorsqu’il fermait les yeux. J’ai apprécié que l’Hôpital m’ait permis de le faire, jusqu’à son retour à la maison », souligne celle qui a mis sa vie entre parenthèses pour prendre soin de son époux.

Hélas, en octobre 2018, M. Charbonneau doit être admis de nouveau à Sacré-Cœur, cette fois pour soigner un infarctus. Dans un même temps, la maladie d’Alzheimer progresse et son état général se détériore. « Le cardiologue a été exceptionnel. N’empêche, ça a été une période longue et difficile… Raymond, un homme curieux, globe-trotteur et mélomane, avait des périodes de confusion. Il ne réalisait pas toujours qu’il perdait son autonomie, lui qui voulait encore voyager! C’était très difficile de voir un homme aussi brillant, ainsi diminué. Mais il m’a toujours reconnue », se console-t-elle, en marquant une pause. « Je suis reconnaissante des soins que Raymond a reçus à Sacré-Cœur. Les spécialistes et le personnel soignant ont fait l’impossible pour alléger les souffrances de mon conjoint. Il était tellement malade… Et puis, enchaîne-t-elle, j’apprécie grandement qu’on ait pris le temps de me rencontrer à plusieurs reprises pour m’éclairer sur ce qui arriverait sous peu. Qu’on me guide sur les décisions à prendre et qu’on m’explique que, malgré tous les soins qu’on lui prodiguait, la fin approchait…»

Mesurant la fragilité de son existence, M. Charbonneau, un philanthrope dans l’âme, s’interrogeait déjà sur son legs. ’’Qu’est-ce que je vais laisser lorsque je vais mourir?’’, confiait-il à sa compagne de tous les instants. «Il avait réalisé plusieurs de ses projets. Il avait parcouru le monde. Il avait eu une vie exaltante et il voulait en faire profiter les autres. Raymond était un homme extrêmement généreux. Il avait légué une partie de sa succession à l’Université de Montréal, afin d’octroyer notamment des bourses portant son nom à des étudiants en sciences de l’éducation.» Aussi, il exprime sa volonté à sa compagne de faire un don majeur à Sacré-Cœur, avec lequel il a un lien profond. Non seulement en raison des nombreux soins qu’il y a reçus, mais aussi parce que sa première femme, emportée par un cancer du sein à 40 ans, y a passé les derniers jours de sa vie.

Le 2 novembre 2018, M. Charbonneau quitte Sacré-Cœur. Il s’éteint le soir même de son arrivée à la Maison de la Sérénité, à Laval. «À chaque fois que je parle de Raymond, ça vient me chercher, conclut doucement madame Lebel. Il souhaitait donner à Sacré-Cœur pour soutenir la recherche, favoriser l’acquisition d’équipements ou le développement de traitements de pointe. Ça lui tenait à cœur, poursuit-elle. Il a laissé le montant du don à ma discrétion. J’ai déjà légué une somme en son nom, et je compte bien redonner à Sacré-Cœur, pour lui, chaque année de mon vivant. C’est ma façon d’immortaliser sa mémoire…»

 

 

 

Retour à la liste des témoignages